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Robert Badinter «  j’ai fait ce que j’ai pu », il a fait bien plus !



Robert Badinter «  j’ai fait ce que j’ai pu »

C’était le temps où la gauche avait  encore de grandes causes à défendre. Il incarnait cet esprit de résistance face à l’injustice, face à l’horreur, y compris celle commise au nom de la justice.

 




Il a marqué l’histoire par ses combats, par sa voix, son rejet de la justice « qui tue » et son discours à l’Assemblée restera un moment d’anthologie. L’injustice quelle qu’elle fut devait être combattue, y compris la mauvaise justice. Il prononcera cette phrase qui restera marquée de la grandeur d’un grand homme  : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue », se fondant sur la Déclaration des Droits de l’homme de 1948 qui proclame que : " Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ".


Lorsque  l’Assemblée nationale vota l’abolition de la peine de mort le 18 septembre 1981, cette idée n’était pas dans l’air du temps, loin s’en faut. Il a donc fallu du courage et des convictions chevillées au corps pour faire adopter cette loi.

Pour avoir assisté à la dernière condamnation à mort en France, qu’il qualifia d’ignominie, il avait décidé d’en faire l’un de ses combats avec toutefois un regret sera pour imposer la peine de mort, le maintien des longues peines. Tout ce qui est racisme et antisémitisme est insupportable à l’esprit de la démocratie. Il en parlait avec douceur.

Grand avocat, grand intellectuel, il représentait la qualité majeure de l’homme politique, qui ne dépendait pas de l’opinion publique pour défendre l’intérêt général.

La lutte contre la mort, c’était quelque chose de très intime depuis la déportation de Simon son père. Ce passé n’a cessé d’être présente, mais il louait la France généreuse qui avait aidé les juifs.

 

Un ami fidèle

 

Reste la question de ambiguïté de la position de Mitterrand vis-à-vis du régime de Vichy et son refus de reconnaître la responsabilité de l’État français dans la déportation. Pour beaucoup le dépôt de gerbe qu’il faisait déposer sur la tombe du maréchal Pétain, à l’île d’Yeu était aux yeux des anciens déportés et survivants de la Shoah, scandaleux que le président de la République puisse venir au Vél d’Hiv dans ces conditions.

 

Et à l’occasion du 50e anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv, François Mitterrand est sifflé par une partie de militants juifs. Il prit la défense de Mitterrand, transfiguré par une immense colère, il prononça alors un discours d’une extrême virulence, tout entier dirigé contre les militants juifs qui lui avaient « fait honte » à la sortie de la manifestation,

Il avait une amitié sincère pour Mitterrand. Il était l’incarnation parfaite du juif assimilé, et la figure de Pétain l’obsédait. Il se rebellait contre cette France  et racontait: « au moment où l’on chantait « Maréchal, nous voilà », moi je criais, Connard ! ».

Mitterrand n’a jamais rencontré René Bousquet pendant la guerre, mais seulement après : « mais vous n’imaginez pas l’exécration que j’éprouve pour cet homme. René Bousquet, directeur général de la Police de Vichy, qui allait voir la Gestapo pour que les juifs soient déportés et séparés de leurs parents. »

C’était un homme secret, mais il avait écrit une longue lettre à Mitterrand. Saura-t-on un jour ce qu’elle contenait ?

Homme de l’abolition de la peine de mort, mais aussi de la dépénalisation de l’homosexualité. Il mènera cet autre combat dont il jugeait que : « cette discrimination  et répression sont incompatibles avec un grand pays épris de liberté. Le moment est venu pour l’assemblée d’en finir avec ces discriminations indignes de la France. »

 Avant d’ajouter « Chaque individu quelle que soit sa race, sa religion, son orientation sexuelle,  vaut notre regard ».

 

Un monde est parti avec lui.

 

Il ne se remettra  jamais de la déportation de  son père, c’était un sujet dont il ne souhaitait pas parler car il était trop douloureux. Il rêvait souvent que son père revenait. Il a tout imaginé et souhaité que celui-ci ait pu tenter de s’échapper. Un moment de douleur qui a pris racine au moment où sa mère va au Lutecia, un palace parisien transformé en un lieu de détention pour les juifs, dont son époux. C’est elle qui apprendra à ses fils Robert et Claude Badinter que leur père ne reviendra plus jamais. C’était le 9 février 1943, ce moment maudit où la Gestapo a arrêté son père. Il estimait que l’un de ses plus grands drames, c’était d’avoir de la mémoire. Ces amis sont unanimes à dire que ces derniers mois, il était inquiet pour le devenir du monde, la montée de l’antisémitisme et le chaos de notre monde. On lui a demandé ce qu’il fallait retenir de lui, il répondra à cela « J’ai fait ce que j’ai pu, ». On retiendra qu’il en a fait bien plus !

 

Lea Della Volta

Robert Badinter «  j’ai fait ce que j’ai pu »



 

 

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