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  • Photo du rédacteurLea Della Volta

Les juifs dans la ville du cinéma


Les juifs dans la ville du cinéma

C’est un livre né d’une passion pour l’histoire, la rencontre entre une ville, Cannes et la communauté juive. Le rabbin Mendel Matusof et Nelly Nussbaum ont compulsé pendant de nombreuses années les archives, municipales, départementales et nationales, ainsi que les actes notariés et ont recueilli des témoignages sur la communauté après la seconde guerre mondiale.

 

C’est un long travail de recherche qui a permis au rabbin Mendel Matusof et à l’historienne Nelly Nussbaum, de remonter le fil du temps et  de retracer l’histoire de la communauté juive de Cannes.




Un travail minutieux qui a débuté par un questionnement : « Mon père, le Rabbin Yehouda-Leib Matusof  a créé  le centre Cultuel, Culturel, et une école Juive sur  l’emplacement d’un commissariat qui a commencé à fonctionner en 1935. Et je me demandais si, en ce lieu, des juifs, avaient été arrêtés, détenus pendant la deuxième guerre, avant d’être déportés ? », La réponse à la question sera hélas positive et, ironie de l’histoire, ce centre de détention cédera sa place à un lieu intense de la vie juive cannoise.

 

Une présence juive dès le 15e siècle

 

 Les moines de Lérins étaient liés aux Templiers qui étaient très proches du judaïsme et des kabbalistes, avec lesquels ils rentrèrent en contact en terre d’Israël. Notamment, Acre et son port qui était à la fois un centre de la vie juive et templier. Le rabbin Matusof a retrouvé des documents aux Archives municipales de Cannes qui attestent que ce sont les moines qui mentionnent la présence d’une communauté juive dès le 15e siècle,

Ce sont des juifs du Pape. C'est ainsi que l'on désignait ces juifs qui vivaient en Avignon et dans le Comtat Venaissin. Ils présentaient la particularité, avec les Juifs d'Alsace et ceux de Bordeaux-Bayonne, d'avoir formé jusqu'à la Révolution la seule communauté juive autorisée à résider dans les limites actuelles du territoire français.

« Les noms qui reviennent le plus souvent dans les archives, sont : Maciel ou Jaciel  ou autre variante Jacielis, Cohen, Jacob, Meyer, Méir. J’ai même trouvé un rabbin du nom de Mayer de Castellane », souligne Mendel Matusof.

La communauté au Moyen-âge faisait commerce avec les ports de la Méditerranée et entretenait des liens avec les communautés juives du pourtour de la Grande bleue. Dans les lettres patentes du roi, les biens et les personnes de la communauté étaient protégés par le roi de France, dont des lettres de doléances émanant de ses membres qui étaient adressées au roi. La révolution française fera mention du « problème juif », mais en 1791, l’Abbé Grégoire demande l’émancipation des juifs, et que soit attribuée la pleine égalité des droits aux juifs. C’est l'Assemblée constituante en 1791, au début de la Révolution française, qui la votera.

 

Les fastes du 19e siècle

 

Deux noms prestigieux illustrent cette période fastueuse, les Rouff, les Ettling, Guetz, Schilling et les plus connus, les Rothschild qui laisseront leur empreinte dans la cité azuréenne, avec notamment la villa Rothschild qui abrite désormais la médiathèque de Cannes. Une magnifique demeure que la baronne Betty de Rothschild fit construire et qui fut le lieu de grandes réceptions.

C’est l’époque où la communauté commence à s’organiser et fait l’acquisition du terrain au Grand Jas pour son cimetière.

Pendant la période de l’entre-deux-guerres, Cannes s’adonne aux délices de la vie mondaine et la communauté juive en fait partie. Mais c’est à ce moment que les premières voix antisémites se font entendre, et le député juif Edouard Jonas, qui s’est présenté à la députation dans la circonscription de Grasse, sous les couleurs de l'Union socialiste républicaine et en se recommandant du soutien de Jean Ossola et du maire de la ville. Il est attaqué par une partie de la presse locale en raison de ses origines juives, il est néanmoins élu au deuxième tour de scrutin grâce au désistement des autres candidats du Front populaire, battant un sortant indépendant de gauche. Néanmoins, il finira par joindre sa voix à celle des détracteurs des juifs.

 

Les heures sombres et le renouveau de la communauté

 

Pendant l’occupation, de nombreux juifs vont se réfugier sur la Côte d’Azur. Cannes voit arriver de nombreux juifs étrangers, mais aussi des juifs français qui fuient l’avancée allemande.

L’occupation italienne est tolérante, mais ne dure pas. L’arrivée des Allemands en 1943 va mettre un terme à la quiétude dans laquelle vivait la communauté. La ville de lumière va sombrer dans les ténèbres. Les juifs sont déportés et le 15 août 1944, la résistante Hélène Vagliano, membre du réseau Tartane-Massena, est assassinée par la Gestapo qui a réquisitionné la villa Rothschild.

L’après-guerre voit le renouveau de la communauté. Sous l’impulsion de certains membres, les offices vont se dérouler dans des salles louées à cet effet, dont certains ont lieu dans l’une des salles de la maison Ivel, restaurant casher se situant rue des États-Unis.

Abram Adda, juif italien originaire d’Égypte, suite à la prise du pouvoir par Nasser, s’établit à Cannes avec son épouse qui, pourtant gravement malade y recouvre sa santé. En guise de remerciement, il fait édifier la synagogue du boulevard d’Alsace, dont ses enfants feront don à la communauté.

La communauté n’a cessé de croître et comme le souligne Mendel Matusof : « quand mon père a créé l’école, il n’y avait que quatre enfants, il y en a désormais plus de deux cents ». L’avenir est donc assuré et la lumière a donc triomphé des ténèbres.

 

Lea Della Volta

Les juifs dans la ville du cinéma.


Histoire des Juifs à Cannes et des environs, du V ème siècle à nos jours. Éditions Maïa.

Mendel Matusof, Nelly Nussbaum




 

 

 

 

 

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