top of page
  • Photo du rédacteurLea Della Volta

Gillo Dorfles et Guido Lopez : un lieu  à leur mémoire



Comune di Milano

La ville de Milan rend hommage à deux intellectuels juifs, en posant une plaque commémorative place Lavater, qui rappelle que Gillo Dorfles et Guido Lopez y ont vécu.

 

La piazza Lavater, est un lieu emblématique de la ville de Milan pourtant, il était condamné à devenir l’un des plus vastes parkings à ciel ouvert de Milan. La cité lombarde a donc choisi de piétonniser la place et de lui restituer son esprit d’antan, quand ces deux grands noms de la culture, Gillo Dorfles et Guido Lopez vivaient résidaient donnant une âme à ce lieu.

 

Une plaque commémorative  à la mémoire de deux juifs

Le 12 avril 2024, la Mairie a fait apposer une plaque en présence de Fabio Lopez, fils de Guido, architecte et expert en gestion du territoire qui a pris part au projet de restructuration de la place.

En cette période où l’antisémitisme renaît de ses cendres et s’exprime de manière décomplexée, l’apposition de la plaque est aussi un acte politique, auquel ont pris part les étudiants de l’institut polyvalent du quartier de Lavater.

Les deux hommes ont vécu le dramatique épisode de la Shoah, ce qu’a raconté Guido Lopez Nunes dans l’un de ses nombreux ouvrages, intitulé Il Campo (le camp) qui a obtenu le prix Bugatta qui récompense une première œuvre. Le texte relate les péripéties de sa fuite rocambolesque en Suisse pour échapper aux persécutions raciales (1938) imposées par le régime de Mussolini, et la déportation. Il y demeurera jusqu’à la libération de l’Italie en 1945.

En 1953, il publie La prove del nove, second et dernier roman. De son passage aux éditions Mondadori, il publie en 1972 un texte de mémoires intitulé I verdi, i viola, gli arancioni.

Mais ce qui est fondamental dans son œuvre, c’est la découverte et l’exploration urbaine de Milan, dont il va révéler les arcanes avec une précision d’historien. En 1965, il Milano in mano, qui, en 2015, en était à sa 18e réédition et qui est régulièrement mise à jour par son fils Fabio.

La recherche des racines de sa ville le porte à l’exploration de l’histoire de Milan, sous la domination des dynasties des Visconti, des Sforza. Il écrira plus d’une dizaine d’ouvrages, tous salués par la critique.


Journaliste au Corriere il sera aussi président de l’Université populaire de Milan de 1971 à  2002 .

Autre témoin de la Shoah, Gilles Dorfles est né en 1910 à Trieste, qui appartenait alors à l’Autriche-Hongrie. De 1928 à 1930, Gillo Dorfles poursuivit ses études à l’université de Milan. Pendant ces années-là, il fréquente l’atelier de Leonardo Borgese. Lors d’un voyage en 1929-1930 en Allemagne et en Europe du Nord, il découvre les œuvres de Klee et de Kandinsky. À partir de 1930, il commence son activité de critique en publiant des articles consacrés à l’art et l’architecture et des essais théoriques. En 1935, il obtient son doctorat en médecine à l’université de Rome et commence à peindre lors de son service militaire. Jusque-là, il n’avait exécuté que des dessins. À partir de 1955, il commence l’enseignement qui le conduira dans les universités de Milan, Florence, Cagliari et Trieste, ainsi que dans des universités étrangères.


En tant que peintre, Gillo Dorfles fonde, avec Gianni Monnet, Bruno Munari et Atanasio Soldati, le MAC, Movimento Arte Concreta. Ce mouvement, créé à Milan en 1948 et qui prend fin en 1958, s’intéresse à ses débuts à l’abstraction géométrique, puis accorde progressivement une place à l’art informel.


Gillo Dorfles est l’auteur de l’ouvrage Ultime tendenze nell’arte d’oggi. Dall’informale al neo-oggettuale (1973) qui est réédité plusieurs fois. Certaines de ses publications ont été traduites en français : Introduction à l’industrial design ; langage et histoire de la production en série (1974) ; Mythes et rites d’aujourd’hui (1975) ; Le Kitsch : un catalogue raisonné du mauvais goût (1978) ; L’Intervalle perdu (1984).


Gillo Dorfles s’est éteint à 108 ans, Guido Lopez Nunes à 100 ans. Tous deux ont donné une âme à la place qui aujourd’hui rappelle que ces deux grands personnages ont consacré une grande partie de leur œuvre à la cité lombarde.

 

Lea Della Volta




 

 

36 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page